Notre ancêtre Jacques Lhuissier
Le parisien Jacques Lhuissier, de la paroisse Saint-Eustache, est né vers l’an 1646. Il est le fils de Jacques Lhuissier et de Marguerite Dominé (ou Darmine). Au moment de sa naissance, rien ne laissait présager le singulier parcours de celui qui deviendra l’ancêtre des Lussier/Lucier/Lucia/L’huissier d’Amérique.
Gravure du XVIIe siècle
paris1900.lartnouveau.com
Photo actuelle de l’église
www.paris.fr
Mis à part les noms de ses parents, mentionnés par le notaire et le curé lors de son premier mariage, nous ne connaissons pas les antécédents familiaux de notre ancêtre. Nous ignorons aussi de quel port il a quitté la France ainsi que la date précise de son départ et de son arrivée en Nouvelle-France. Mais quelles raisons ont bien pu motiver Jacques Lhuissier à quitter sa famille pour venir s’établir dans la colonie?
Constatons ce que les documents d’archives nous révèlent à ce sujet.
Jacques Lhuissier est présent à Québec à l’automne 1669, alors qu’il y fait rédiger son premier contrat de mariage avec Charlotte Lamarche. À ce jour, il s’agit du plus ancien document d’archives dans lequel le nom de notre ancêtre est mentionné en Amérique.
Dans quelles circonstances Jacques Lhuissier est-il venu en Nouvelle-France? Il est probable qu’il soit venu dans la colonie en tant que soldat du régiment de Carignan-Salières. Bien que nous ne soyons pas encore en mesure de le prouver, les nombreux soldats de la compagnie de Laubia qui frayent dans son entourage, nous laissent croire qu’il aurait servi dans cette compagnie. Cela est d’autant plus probable qu’un dénommé « Le Parisien » de cette compagnie n’a pas encore été formellement identifié.
Drapeau du régiment de Carignan-Salières
Quoi qu’il en soit, le 22 septembre 1669, Jacques Lhuissier est présent à Québec dans la maison d’Anne Gasnier, veuve de Jean Bourdon, conseiller du Roy et procureur général au Conseil souverain. Le jeune homme a jeté son dévolu sur Charlotte Lamarche, une fille du Roy arrivée le 30 juin précédent sur le navire le Saint-Jean-Baptiste. Cette dernière, fille de François Lamarche et de Suzanne Bourgeois, est originaire de la paroisse Saint-Jacques-du-Haut-Pas à Paris où elle a vraisemblablement vu le jour vers 1647. Le notaire Romain Becquet rédige leur contrat de mariage. Ce document nous révèle l’origine des époux et les noms de leurs parents. On y apprend aussi que Jacques Lhuissier est « habitant » et qu’il demeure à Boucherville. La semaine suivante, le 30 septembre, le curé De Bernières bénit leur union à l’église Notre-Dame de Québec.
C’est probablement dans la seigneurie Du Tremblay, sur une terre de 2 arpents de front par 30 arpents de profondeur, que Jacques et Charlotte établissent leur demeure. À l’été 1670, un marché est conclu pour la construction de leur maison.
Le 3 février 1671, Charlotte donne naissance à une petite fille qui est baptisée sous le prénom de Marie. Malheureusement, elle ne verra pas grandir sa fille puisqu’elle décède peu de temps après l’accouchement dans sa maison.
Puis, à l’automne de la même année, Jacques file à nouveau à Québec avec l’intention d’y quérir une seconde épouse. Le 4 octobre, il se retrouve pour une deuxième fois dans la maison de la veuve Bourdon où le notaire Becquet rédige son contrat de mariage avec Catherine Clérice, une autre fille du Roy. Cette dernière, fille de Pierre Clérice et de Marie Lefebvre de la paroisse Saint-Sulpice à Paris, n’est âgée que de 18 ans. Le 12 octobre, leur mariage est célébré à l’église Notre-Dame à Québec. Au cours des années suivantes, 12 enfants se succèderont dans le berceau familial.Jacques Lhuissier et Catherine Clérice mènent une vie bien remplie dans la seigneurie du Cap de Varennes et dans celle des Îles de Verchères, comme en font foi les nombreux contrats notariés les concernant. Neuf de leurs enfants atteindront l’âge adulte et se marieront. Ils s’établiront tous dans la région de Varennes.
Jacques Lhuissier serait décédé par noyade, dans le fleuve Saint-Laurent, entre le 14 novembre 1712 et le 22 janvier 1713. Son corps est retrouvé dans la seigneurie de Sorel l’été suivant. C’est à cet endroit qu’il est inhumé le 12 juin 1713 en présence de son fils Christophe et de son gendre Antoine Foisy.
À l’hiver 1715, après avoir reçu tous les derniers sacrements, c’est au tour de notre aïeule Catherine de quitter les siens à l’âge de 68 ans. Le 1er mars 1715, son corps est inhumé dans le cimetière paroissial de Varennes.
Aujourd’hui, les descendants de Jacques Lhuissier et de ses deux épouses se comptent par dizaine de milliers en Amérique. Ils se sont dispersés un peu partout, notamment au Québec, en Ontario, dans l’ouest canadien, en Nouvelle-Angleterre et dans de nombreux autres États américains (Ex. : Oregon, Minnesota, etc.).
Notre ancêtre Jacques Lhuissier ne savait pas écrire et n’était donc pas en mesure de signer. La graphie de son nom de famille varie donc selon le bon vouloir des curés, des notaires ou de tout autre personne qui rédige les documents dans lesquels on le retrouve mentionné : L’Huissier, Lhuissier, Lhuisier, Lussyé, Luissier, Lucier, Lhussier, Lhuislier, Lhuissié, Lhuissiee, Lhuïssier, Lhuisuis, Lusie, Lusier, Lussie, Lussié, Lussier Lussiers, Luyssier, Lucie, Lucié, Luçier, Huissier, Huisier, Hussié, Lhuyssier, etc.
Jusqu’en 1692, les censitaires du seigneur René Gaultier de Varennes relèvent de la paroisse de Boucherville pour les sacrements; aucune paroisse n’ayant encore été érigée sur les territoires du Cap de Varennes et du fief du Tremblay.
Extrait d’un document portant la marque de Jacques Lhuissier